dimanche 4 mars 2018

Un homme des montagnes

Pas de surprise: l'origine géographique de Tharlo, le berger tibétain apparaît directement dans son titre. Je vais donc vous embarquer aujourd'hui vers les montagnes pour vous parler de ce long-métrage arrivé en Europe en passant par la Mostra de Venise et sorti chez nous au tout début de cette année, plus de deux ans plus tard.Vous suivez ?

Quadra au visage buriné, Tharlo paraît ne pas aimer beaucoup ce nom qui est pourtant le sien. Un détail de sa coiffure l'incite à se faire appeler Petite Natte, mais, au début du film, un officier de police l'avertit qu'il ferait mieux de tenir compte de sa seule identité véritable et de se procurer - dès que possible - des papiers en règle. Notre homme, qui ne voit pas l'intérêt de la démarche, obéit pourtant et, afin d'obtenir une photo, fait d'abord étape chez une coiffeuse pour s'y offrir... des cheveux propres. Le destin est en marche ! Inutile d'insister: je n'en dirai pas plus sur le scénario. J'ajoute juste que le film prend son temps pour dévoiler son intrigue (très simple)...

Si vous aimez le cinéma contemplatif, vous serez servis. Les plans durent longtemps et cette - relative - immobilité m'a parfois paru quelque peu exagérée, si ce n'est irritante. La photo noir et blanc apporte certes quelques images magnifiques, mais ce style ralenti pourrait bien désarçonner une partie d'entre vous, pour qui le cinéma est d'abord un art du mouvement. De mon côté, j'avoue que je reste sur une impression mitigée: en réalité, j'ai parfois trouvé le temps long, d'autant qu'il y en a pour deux heures, mais j'ai également aimé certaines des séquences parmi les plus radicales, quand le personnage principal arpente les sommets, en compagnie de son seul troupeau. Aussi pathétique qu'il puisse paraître, Tharlo, le berger tibétain adopte alors quelques-uns des codes du documentaire et nous expose une situation de vie presque à l'antithèse de nos repères occidentaux. Cela n'en fait pas un film politique pour autant, mais c'est tout juste !

Tharlo, le berger tibétain
Film chinois de Pema Tseden (2015)

On est loin ici d'un opus "hollywoodien" comme Sept ans au Tibet ! Peut-être trouverez-vous le film un brin trop littéraire: il faut dire qu'il s'inspire de La nouvelle neige, une nouvelle du même auteur. Apparemment, il a échappé à la censure, est sorti dans toute la Chine et y a même rencontré un succès inédit pour une oeuvre tibétaine. Pas convaincus ? Je vous laisser voir (ou revoir) Le chien du Tibet...

4 commentaires:

Pascale a dit…

Ah la Mostra... tant d'années que je n'y suis allée...

Bon ton film, il me tente pas DU TOUT :-)

ideyvonne a dit…

- Un vieux film sur le Tibet de 1937 : "horizons perdus" de Frank Capra = un Tibet mystérieux et idéalisé...
- Un film de 1999 : "Himalaya, l'enfance d'un chef" = très beau film visuellement avec une jolie histoire.
- Autre film de 2002 : "Samsara" = Film particulier (mais à voir) qui parle d'un moine qui découvre l'amour charnel...
Après, bien entendu, il y a "Kundun","little buddha" et "sept ans au Tibet" = très hollywoodiens !
Et moi, pour "Tharlo le berger tibétain", je me laisserai tentée :)

Martin a dit…

@Pascale:

Je peux comprendre… ton désintérêt pour le film et ton envie de Mostra.

Martin a dit…

@Ideyvonne:

Oh ! Merci pour cette liste de films ! Le Capra me tente tout particulièrement.
Je vais tâcher de m'en souvenir, maintenant, et c'est une autre paire de manches.