mercredi 23 novembre 2016

Immersion urbaine

Je vais commencer par un conseil: si vous avez l'opportunité prochaine de découvrir Les bruits de Recife, ouvrez... vos oreilles ! Même si la version française n'est pas tout à fait la traduction exacte du titre original (O som ao redor: le son alentour), elle appuie l'idée que ce film brésilien donne autre chose à percevoir que des images...

Pour mieux vous mettre encore dans mon état d'esprit au moment précis où j'ai découvert ce film, je crois également bon de vous dire sans plus attendre qu'il est signé Kleber Mendonça Filho, le cinéaste dont j'ai présenté le second long-métrage avant-hier. Un privilège pour mon association et moi: nous avons eu la chance de pouvoir diffuser l'un et l'autre, au cours de deux soirées consécutives, et donc dans le sens inverse de leur réalisation. Cela étant précisé, j'espère désormais vous intéresser à cette autre histoire, entièrement tournée dans une rue de Recife, au Brésil, métropole de plus de 3,5 millions d'habitants. Les bruits de Recife constitue ce que j'appelle un film pointilliste: il ne dévoile son intrigue que petit à petit et nous offre une importante galerie de personnages, tout en se montrant capable de les traiter tous avec la même attention. C'est l'une des prouesses qui m'impressionnent au cinéma, même vis-à-vis de films assez longs pour prendre leur temps. Celui-là dure - un peu - plus de deux heures et nous plonge à corps perdu dans son décor. Un vrai voyage, en fait !

Les sensations que j'ai éprouvées devant ce long-métrage étonnant sont complexes. Puisque, pendant pratiquement tout le film, le cadre se limite finalement à une seule rue, je me suis presque senti enfermé, par moments. Pourtant, même si ça peut paraître contradictoire, j'ai ressenti également une drôle de fascination devant cette "reconstitution" de la réalité. Il faut bien admettre aussi que l'expérience est marquante: les personnages présentés à l'écran de ce film choral donnent de l'humanité une image peu reluisante. Rapidement, le son ambiant suggère d'autres images, déjà vues auparavant ou même purement imaginaires: rien que cette utilisation du hors-champ, sur le plan de la technique, est magistrale - et ce d'autant qu'il arrive que l'image et le déroulé même de l'intrigue viennent démentir nos impressions premières. Si vous connaissez mieux le Brésil que moi, vous noterez aussi que Les bruits de Recife offre quelques échos à son histoire... bien loin de la carte postale. Bref, voilà l'un des films les plus stimulants que j'ai vus cette année !

Les bruits de Recife
Film brésilien de Kleber Mendonça Filho (2013)

Comparaison n'est pas raison, mais je juge ce premier opus supérieur à Aquarius. Son huis-clos et son inéluctable tension m'a aussi remis en mémoire un autre film vu avec mon association: L'idiot ! Le fait qu'il s'agisse d'une oeuvre sud-américaine rappelle Elefante blanco. On peut aussi l'étudier en diptyque avec La cité de Dieu. Pour être complet, j'ajoute que j'ai songé à Gomorra, Shining et Le parrain...

6 commentaires:

eeguab a dit…

J'aimerais bien découvrir ce film.

Anonyme a dit…

Tout pareil, moi aussi j'aimerais bien voir ce film.
Strum

Martin a dit…

@Eeguab:

Puisque nous l'avons diffusé lors d'une soirée de mon association, cela veut dire qu'il est toujours accessible. Il me reste à te souhaiter d'avoir l'opportunité de le voir.

Martin a dit…

@Strum:

C'est un fait: je dois dire qu'il me semble qu'il aurait tout à fait sa place sur ton blog, l'ami !

Anonyme a dit…

Merci Martin, je m'en souviendrai. :)
Strum

Martin a dit…

C'est tout le mal que je te souhaite !