lundi 27 juin 2016

Deuils impossibles

Vous l'aurez remarqué: c'est devenu un plaisir pour moi d'aller piocher un peu partout dans le monde pour satisfaire mes appétits de cinéma. L'autre jour, c'est en Colombie que je me suis rendu, en choisissant d'aller voir Siembra, un film inédit en France, que j'ai pu appréhender grâce à un groupe de chercheurs en ethnologie. Une belle découverte !

Le saviez-vous ? La Colombie est un pays si instable que des millions de ses habitants ont dû partir de chez eux pour tenter de se protéger des éternels conflits qui l'agitent en tous sens et opposent des forces paramilitaires au gouvernement, notamment. Bien qu'il soit présenté comme un film de fiction, Siembra s'inscrit dans ce quotidien douloureux: son héros est un vieux pêcheur exilé au milieu des terres et toujours soucieux de rentrer chez lui un jour. Sur ce point particulier et sans doute sur d'autres, Turco s'oppose à son fils, Yosner, qui espère quant à lui construire sa vie là où ils sont rendus. La situation va subitement basculer: le jeune homme est assassiné...

Pas besoin de vous faire un dessin, si ? Le film est bien un drame. C'est aussi le portrait d'un homme digne. Porté par un noir et blanc d'une grande beauté, ce récit d'une vie "ordinaire" m'a conduit ailleurs pendant un peu plus d'une heure et demie. En partie composée d'amateurs, la distribution joue remarquablement bien. Le travail effectué sur le son et la musique est tout à fait admirable, lui aussi. Comme phagocyté par l'écran, j'ai ouvert grand mes yeux et oreilles pour profiter à fond de ce voyage en terre inconnue. Quand la lumière s'est rallumée, j'étais véritablement très heureux de cette séance. Évidemment, tout cela gagne à être visionné avec des explications préalables sur la situation actuelle des populations colombiennes. Petite précision: le statut de déplacé n'a rien à avoir avec la couleur de peau - le fléau touche indifféremment des gens de toutes origines. Siembra: une oeuvre coup-de-poing, une sacrée prise de conscience !

Siembra
Film colombien d'Angela Osorio et Santiago Lozano (2016)

Le titre signifie "Semence", ce qui peut s'expliquer tant par la volonté du père de retrouver sa terre que par celle du fils de faire souche ailleurs. Je n'ai pas vu des quantités de films comparables à celui-là ! Le jour même, j'ai pensé à Un homme qui crie du fait du conflit générationnel et à Elefante blanco pour le bidonville sud-américain. D'autres oeuvres qui sortent du sentier battu du cinéma occidental... 

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