lundi 16 mai 2016

Le rescapé

Ami(e)s cinéphiles, vous le savez déjà: la reconstitution du naufrage d'un bateau peut suffire à attirer un nombre incroyable de spectateurs dans les salles obscures. Aujourd'hui, je ne vous parlerai pas du film que vous imaginez, mais de Survivre, passé je crois assez inaperçu. Une occasion de naviguer vers un nouvel horizon de cinéma: l'Islande !

Non contente de m'attirer beaucoup, l'île volcanique de l'Atlantique nord me semblait un territoire propice à de belles images. Sa nature sauvage est l'un des personnages de Survivre, mais c'est de l'océan que le film tire l'essentiel de sa puissance. Sur la base d'une histoire vraie, le long-métrage nous embarque à la suite de marins, à la veille d'un départ pour la pêche et alors qu'une tempête paraît inéluctable. Sans s'attarder, mais intelligemment, le récit donne une personnalité à chacun des protagonistes, même si ça n'est parfois qu'une ébauche. Le fait est que c'est suffisant pour nous aider à ressentir la tragédie qui se noue quand, de tous ces hommes, il n'en reste plus qu'un seul au milieu des flots déchaînés, après qu'une grosse vague a fait chavirer le navire et envoyé son équipage complet par-dessus bord. Question: comment peut-on rester en vie dans de telles conditions ? Une partie de la réponse sous-tend le film. Oui, une partie seulement.

Les plus impatients d'entre vous trouveront facilement sur Internet tous les renseignements qu'ils voudront sur l'incroyable expérience vécue par Guolaugur Frioporsson. J'indique aux autres que le film mérite toute leur attention: la grande sobriété de son traitement impose rapidement le respect et ramène alors le récit à sa dimension la plus humaine - ou la plus banale, pourrait-on dire. Ce qui est arrivé dans la réalité n'est certainement pas l'aventure d'un héros méconnu. C'est plutôt, à mon sens, une étonnante leçon de courage... ordinaire. Survivre a le grand mérite d'amener un peu de lumière sur des êtres habituellement négligés par le cinéma à grand spectacle. Qu'il ait su éviter les pièges de la grandiloquence formelle est un vrai atout. J'imagine qu'en d'autres mains, la production se serait vite égarée pour n'accoucher que d'un blockbuster lambda. J'ai aimé me laisser surprendre par l'empathie qu'elle dégage vis-à-vis de son personnage.

Survivre
Film islandais de Baltasar Kormàkur (2012)

Le scénario pose aussi - et joliment - la question de l'après-deuil. Belle idée: ce qui raccroche le naufragé à la vie ne se matérialise pas nécessairement ensuite comme une nouvelle ligne de conduite personnelle. Bref... tout ça est plus subtil qu'il peut y paraître d'abord. Ç’aura donc été la deuxième fois cette année que je vois un beau film sur l'univers des pêcheurs, après Angèle et Tony. Pas de mal de mer !

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Un autre regard, c'est possible ?

Bien entendu, les amis ! Vous pouvez compter sur Pascale et Dasola.

2 commentaires:

Pascale a dit…

Je me souviens de ce personnage qui m'avait fait mal au ventre et au cœur !

Martin a dit…

C'est vrai que sa vie tangue pas mal, même une fois qu'il est revenu à terre. Mais quel destin !