samedi 9 mai 2015

Ses chers disparus

Le nom de John May fleure bon le printemps, mais c'est une saison froide qui semble régner sur sa vie. John vit seul et, fonctionnaire dans une petite ville anglaise, il est chargé de retrouver les proches et/ou la famille de ceux qui, anonymes, sont morts dans l'isolement. Une belle fin est un de ces petits films sociaux de l'excellente école britannique. Mais ne vous y trompez pas: son réalisateur est italien...

Qu'importe, au fond: c'est avant tout la prestation d'Eddie Marsan qu'on retiendra dans ce long-métrage peu bavard. Son visage incroyable exprime avec sensibilité les nuances de son personnage. Quelque chose dans ce regard nous entraîne vers un sentiment empathique à l'égard de ce pauvre bougre, coincé dans sa destinée d'homme banal et ne vivant jamais que par procuration. Une belle fin ne tombe pourtant pas dans le piège du larmoyant. C'est un film doux et sensible, qui semble pour ainsi dire apaisé face à l'inéluctable. Quelque part, l'air de rien, il dit aussi quelque chose de notre époque. Quand John May apprend qu'il sera bientôt licencié, il s'efforce de finir correctement son travail et n'envisage rien de la suite. On se prend alors à espérer que les rencontres qu'il fera sauront être plus rieuses.

Uberto Pasolini, réalisateur, explique: "J'aime les gens qui se battent pour avoir la vie la plus simple, la plus digne possible". Faut-il parler de combat pour John May ?  Il est vrai que sa manière d'être semble vraiment décalée, comparée à celle de son supérieur, par exemple. Recroquevillé dans sa routine, notre homme n'est pas "moderne". Pourtant, le figer dans cette posture serait franchement réducteur. Par petites touches, en toute délicatesse, Une belle fin montre aussi qu'il est possible d'évoluer dans une certaine différence, que personne ne mérite de tomber dans l'oubli. Un propos noble, humble et pétri d'humanité. J'ajoute que la conclusion du long-métrage vient donner au titre français - en anglais, c'est Still life - une signification inattendue et assez émouvante. Quelques larmes pourront couler...

Une belle fin
Film italo-britannique d'Uberto Pasolini (2013)

Un mot de biographie: comme son nom ne l'indique pas, le cinéaste est le neveu de... Luchino Visconti. Dans la veine socio-réaliste britannique, son second film de réalisateur frappe juste. J'ajouterai qu'Uberto Pasolini s'est aussi fait connaître comme producteur cinéma et notamment de The full monty. Mais c'est davantage à une chanson que je pensais: Pauvre Martin, pauvre misère, de Georges Brassens...

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Pour finir, un petit tour ailleurs sur la toile ?

Si jamais ça vous tente, Dasola parle elle aussi du film sur son blog. C'est également le cas de l'amie Tinalakiller, tout à fait emballée.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Merci pour le lien ! Effectivement j'ai énormément aimé ce film, très sensible, émouvant mais pas tire-larmes, juste, simple mais très profond. Tout semble simple mais en réalité le travail de mise en scène ou encore l'écriture sont remarquables. J'ai également adoré l'interprétation d'Eddie Marsan, ce gars est vraiment brillant.

Martin a dit…

Pas d'quoi ! Comme toi, je pense effectivement que cette simplicité apparente cache une écriture très aboutie. C'est la marque des grands, sans doute. Et c'est clair qu'Eddie Marsan joue vraiment à merveille. Je le connais encore mal, mais cet acteur ne m'a jamais déçu.

Anonyme a dit…

Tu l'as vu dans Tyrannosaur ou Be Happy ?

Martin a dit…

Dans "Tyrannosaur", oui: le rôle est très différent, pour le coup, mais Eddie Marsan est de nouveau excellent. J'ai loupé le dernier passage télé de "Be happy", mais je vais tâcher de le voir une prochaine fois.