mardi 14 avril 2015

Être et avoir été

Riggan Thomson s'est fait connaître dans le rôle du personnage principal d'une série de films de superhéros. Soucieux de (dé)montrer d'autres facettes de son talent, il s'est appuyé sur un ami producteur pour accéder aux planches de Broadway et jouer du Raymond Carver. L'ennui, c'est que tout s'annonce encore très difficile à quelques jours seulement de la première. C'est alors que débute Birdman, le film...

Je ne saurais affirmer à 100% que je serais allé le voir si l'Académie des Oscars avait choisi un autre lauréat comme meilleur film de 2014. Aujourd'hui, deux petits mois plus tard, je suis content de l'avoir vu. L'essentiel du propos repose sur un quasi-revenant: Michael Keaton. J'avais totalement perdu de vue cet acteur et j'ai donc pu constater qu'il ne ressemble plus du tout à Julien Lepers - mais ça, on s'en fout ! L'important, c'est ce qu'il est parvenu à faire ici de son homme-oiseau devenu théâtreux: de belles choses, à mon avis. Il a bien été aidé d'ailleurs par un scénario malin, à défaut d'être tout à fait inventif. L'histoire de l'ancien qui tient à montrer aux p'tits jeunes qu'il reste au top, Hollywood nous l'a racontée maintes fois. Sans la transcender véritablement, Birdman ne la dépouille pas de son efficacité dramatique. Riggan Thomson est un drôle de héros, aussi émouvant qu'il peut être pathétique. Je l'ai finalement trouvé plutôt attachant.

D'une manière générale, la distribution m'a paru jouer sur le ton juste. J'ai retrouvé - avec plaisir - quelques comédiennes et -diens que j'aime bien et que j'ai appréciés: Emma Stone en photo ci-dessus, Naomi Watts, un génial Edward Norton et même Zach Galifianakis toujours barbu, mais passé visiblement... par un régime drastique ! Une précision s'impose, je pense: plus encore que comme un film d'acteurs, Birdman m'est apparu comme un film d'auteur-réalisateur. Derrière la caméra et co-scénariste, Alejandro Gonzalez Iñárritu déroule tout son savoir-faire technique pour faire du long-métrage une prouesse visuelle: un plan-séquence ininterrompu (ou presque). D'aucuns ont jugé cette démonstration de force purement gratuite. C'est sûr: il y a tout lieu de croire que le Mexicain s'est fait plaisir. Chacun jugera s'il faut l'en blâmer ou non: pour ma part, j'ai trouvé que ça contribuait plutôt à l'atmosphère du film. Ce que nous voyons flirte peu ou prou avec le fantastique, en nous laissant interpréter librement plusieurs scènes - dont la toute fin. C'est stimulant, en fait.

Birdman
Film américain d'Alejandro Gonzalez Iñárritu (2014)

Le long-métrage a un défaut: il se montre trop caricatural et insistant dans sa dénonciation de la critique professionnelle. J'ai failli le noter trois étoiles et demie pour cette raison. Bon... puisqu'il est question d'un artiste en fâcheuse posture, je pardonne et vous renvoie illico vers d'autres films sur cette thématique: l'encore récent Sils Maria ou, plus anciens, Que le spectacle commence et Stardust memories.

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Maintenant, un petit tour sur d'autres blogs...

Pascale ("Sur la route du cinéma") a vraiment beaucoup aimé le film. Tinalakiller, elle, est de l'avis exactement opposé ! Dasola en dit beaucoup et se cale pile entre les deux. Un peu comme Princécranoir.

8 commentaires:

ChonchonAelezig a dit…

Ben dis donc, t'as pas choisi une photo qui l'avantage, Emma ! Elle mérite mieux ! :D

princécranoir a dit…

Le princécranoir lui a volé dans les plumes oui. Certes les acteurs (sur)jouent justes, se croient sur les planches du théâââtre, mais que ce plan-séquence est long (presqu'aussi énervant que le solo de batterie qui l'accompagne).

Martin a dit…

@Chonchon:

Elle a un look assez destroy, Emma, dans ce film. Cette image est l'une des dernières du long-métrage, et, compte tenu de ce qu'elle me rappelle du scénario, je l'aime bien.

Martin a dit…

@Princécranoir:

C'est marrant: à part les moments où l'un des personnages passe devant la batterie (dont, d'accord, on se demande ce qu'elle fait là)... je n'ai pas du tout fait attention à ce solo.

Oui, c'est marrant, parce que, dans d'autres films comme "Dead man" ou "Magnolia", la musique permanente m'avait vraiment tapé sur les nerfs. Il faut croire que "Birdman" a su me fasciner pour autre chose. Ma foi ! Chacun son truc.

Anonyme a dit…

Tu connais mon avis, donc aucune surprise dans ce que je vais dire ! J'ai pratiquement tout détesté : le plan-séquence en toc, cette batterie épuisante, la mise en abyme avec le texte de Carver, la multiplication de thèmes abordés (du coup, de quoi parle ce film ?), le règlement de compte avec la profession, la vulgarité constante des dialogues, les acteurs (à part Keaton même si je ne crie pas au génie). Pour moi, une énorme coquille vide, ultra prétentieuse.

Martin a dit…

Oui, Tina, je connaissais la virulence de ton avis, mais c'est bien que tu le rappelles ici, en contrepoint. Merci pour ça.

Nous ne sommes pas d'accord, c'est un fait. Cela dit, je peux comprendre qu'on trouve le film prétentieux - il est de fait assez tape à l'oeil - et qu'on s'interroge sur ce qu'il veut dire vraiment. C'est juste qu'il y a tant de films qui prétendent soigner le public en leur offrant pourtant quelque chose de formaté que, sur ce point, je considère que "Birdman" sort de la production générale.

Après, bon, ça peut déplaire aussi, la preuve. Et les Oscars, tout ça... c'est peut-être un peu trop pour un long-métrage qui ne restera pas forcément très longtemps dans les mémoires.

dasola a dit…

Bonsoir Martin, rien que qu'à cause de la musique horripilante, je ne reverrai pas ce film et pourtant Michael Keaton s'en sort bien. Merci pour le lien et bonne soirée.

Martin a dit…

C'est dingue, ça: je n'ai vraiment pas fait gaffe à cette musique ! Il faut croire que j'ai vraiment été happé par les images.

Merci de ton passage, Dasola, et pas de quoi pour le lien.