lundi 9 mars 2015

Un air d'opéra

Vous pourrez vérifier si ça vous chante: le maestro Federico Fellini est l'auteur du tout premier film dont j'ai parlé sur ce blog, il y a déjà plus de sept ans. Je pense qu'à l'époque, je n'aurais pas pu imaginer tenir aussi longtemps. Je suis toutefois ravi d'avoir retrouvé l'Italien lors d'une soirée de mon association. Notre présidente a très bien fait quand elle a choisi de nous offrir le magnifique Et vogue le navire...

Port de Naples, juillet 1914: la Première guerre mondiale s'annonce. Comme indifférents à la menace, des dizaines de gens bien habillés embarquent sur le Gloria N, un majestueux paquebot. La croisière n'est pas là pour s'amuser: ces messieurs-dames de la haute société sont venus faire leurs adieux à une cantatrice fraîchement décédée. S'ils prennent la mer, c'est parce qu'après une cérémonie, les cendres de leur idole seront dispersées au large. Et vogue le navire... donne très vite l'impression d'assister à la fin d'une époque, en compagnie d'hommes et de femmes qui n'ont pas compris que leur monde s'écroule. Présenté ainsi, j'ai conscience que cela pourrait paraître d'une noirceur insupportable. En fait, c'est presque tout le contraire ! Bon... je n'ai pas rigolé, mais la grande beauté du film m'a attrapé dès les premières minutes, pour ne presque plus me lâcher. Ce récit possède quelque chose de formidablement lyrique. Je me suis régalé.

Comme à l'opéra, le chant a ici une place primordiale, la musique également et j'allais dire le son. Je vous laisserai découvrir seuls comment quelques grands classiques du bel canto viennent traverser le long-métrage: c'est à la fois saisissant et absolument remarquable. Artiste érudit et multi-facettes, Federico Fellini nous fait aussi don d'une mise en abyme de toute beauté, avec quelques petites pointes d'humour bien senties. Et vogue le navire... démarre notamment avec dix bonnes minutes d'images muettes en noir et blanc, clin d'oeil aussi évident que somptueux aux origines du septième art. J'en passe et des meilleurs ! Le scénario, lui, n'oublie jamais d'être intelligent. Dans cette Italie de pacotille, j'ai même été - agréablement - surpris de trouver des résonances avec la situation du continent européen aujourd'hui, entre replis identitaires et accentuation des divergences sociales. Des découvertes cinéma de cette nature, j'en re-de-mande !

Et vogue le navire...
Film franco-italien de Federico Fellini (1983)

Décors "carton-pâte" et voix non synchrones: ce petit chef d'oeuvre est assez particulier, j'en conviens, sans même parler du rhinocéros ! Il n'empêche que je vous le recommande vivement. Il serait temps que je me penche plus avant sur la carrière du cinéaste. Je cherche vaguement un autre film avec lequel comparer celui-là - Le guépard ? Il me faudrait regarder parmi les opéras plutôt qu'autour de Titanic...

2 commentaires:

dasola a dit…

Bonjour Martin, E la nave va est mon film préféré de Fellini. C'est un très grand film. Merci de l'avoir évoqué. Bonne journée.

Martin a dit…

Il faut vraiment que j'explore plus avant la filmographie du maestro italien. Ce film m'y encourage. Merci à toi, Dasola.