lundi 14 avril 2014

Virtualité des sentiments

"Her est d'ores et déjà l'un des plus grands films de l'année". Je suis assez d'accord avec Christophe Chadefaud, le critique qui a présenté le dernier Spike Jonze dans les colonnes de Studio Ciné Live le mois dernier. L'ancien spécialiste des vidéos de skateboard et clippeur expérimenté ne signe ici que son quatrième longs-métrage de fiction en quinze ans. Il a reçu un Oscar du meilleur scénario original mérité. Ce nouvel opus m'a emballé de bout en bout. Les réserves que j'émets généralement à l'égard du cinéma de science-fiction se sont envolées.

Le film commence par un gros plan sur le visage de Joaquin Phoenix. Cet acteur fabuleux capte d'emblée notre attention: il dit des choses touchantes, mais, première surprise, parle de lui au féminin. Theodore Twombley, son personnage, est en fait une sorte d'écrivain public: on le découvre en train de relire une lettre qu'une femme inconnue - sa cliente - lui a fait rédiger, à l'attention de son mari. Theodore vit ainsi par procuration, scribe de toutes sortes de gens. Lui reste seul, jusqu'au jour où il installe un nouveau système d'exploitation sur son ordinateur. À sa demande, cet outil moderne prend la voix d'une femme et, du fait de sa sophistication, devient véritablement... une amie. Je vous laisse désormais découvrir jusqu'où Her pousse cette incroyable idée de départ. Sitôt vu, le film a fait une entrée fracassante au plus haut niveau de mon classement - provisoire - des meilleurs longs-métrages de 2014. Si vous acceptez son postulat de départ, il y a de bonnes chances qu'il vous transporte. L'informatique aurait-t-elle déjà pris une telle place dans nos vies ?

À cette question, Her apporte des éléments de réponse. Spike Jonze parvient à maintenir un équilibre sensible: il ne porte aucun jugement sur son personnage principal. J'ai vraiment beaucoup aimé la manière dont le réalisateur nous présente et nous fait comprendre Theodore. Alors que l'interaction avec la machine le dévoile petit à petit, le film est également émaillé de flashbacks muets. Les sons  du présent demeurent sur les images du passé et c'est magnifique. Que dire alors de la prestation de Joaquin Phoenix ? L'acteur a choisi de se laisser pousser la moustache pour dissimuler la disgrâce qui barre sa lèvre supérieure: il est constamment juste. Il faut dire aussi que la réplique qui lui est offerte est de grand talent: Amy Adams confirme encore tout le bien que je pense d'elle, tandis qu'Olivia Wilde et Rooney Mara amènent un peu plus d'émotion en tant que conquêtes éphémères. L'apport au film le plus vibrant reste celui de Scarlett Johansson. Présente par sa seule voix, la comédienne parvient à crédibiliser cette très belle histoire d'amour. Autant vous le dire: la VO s'impose !

Her
Film américain de Spike Jonze (2013)

Qu'il est agréable de voir que le cinéma américain est encore capable d'inventer de nouvelles façons de nous émerveiller ! Ce film m'a donné l'opportunité d'éprouver plusieurs émotions: j'ai ri, frémi, pleuré. Aucune fausse note à regretter. C'est un peu avec le même plaisir qu'en son temps, j'avais vu Eternal sunshine of the spotless mind. Une salle silencieuse et un écran géant: quelle incroyable expérience !

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Je ne suis évidemment pas le seul à parler du film...
Pascale ("Sur la route du cinéma") en dit également beaucoup de bien. Un autre point de vue positif est également à lire sur "Callciné". Princécranoir, lui aussi, entre dans le débat sur son blog, "Ma bulle".

1 commentaire:

2flicsamiami a dit…

Une très belle romance, et une magnifiques performances pour Phoenix et Johansson. Par contre, je trouve la dernière partie un poil trop longue. Je trouve aussi que le concept réserve de moins en moins de surprise au fil de minutes. Mais globalement, Her reste assurément un très bon film.