samedi 15 mars 2014

Une autre chance

La fascinante beauté d'Eva Green n'explique pas à elle seule l'envie qui était la mienne de découvrir Womb. Si j'ai repéré ce long-métrage quand il est passé sur Arte, c'est d'abord en raison de la nationalité hongroise de son réalisateur. Je me suis dit que c'était l'opportunité de planter un nouveau petit drapeau sur ma page "Cinéma du monde". Me voilà satisfait que ce soit avec un film franchement atypique ! Malgré, donc, la présence de la fille de Marlène Jobert, le film garde un aspect fantastique, comme j'en avais peu vu sur écran jusqu'alors.

Tourné, je crois, sur les rivages du nord de l'Allemagne, Womb présente deux enfants pour personnages principaux, deux enfants d'une dizaine d'années: Rebecca et Tommy s'aiment sans se le dire. Un beau jour, la fillette annonce au garçon qu'elle va partir: sa mère et elle s'installent au Japon. Un ellipse de cinéma et bien des années plus tard, Rebecca revient, retrouve Tommy, s'offre une autre chance de vivre enfin son amour de jeunesse. Tout fonctionne parfaitement. C'est alors que survient une tragédie: l'amant retrouvé est tué, fauché par une voiture sur le bord d'une route. Ce qui ressemblait encore beaucoup à notre monde d'aujourd'hui vire à la science-fiction quand, inconsolable, la jeune femme se décide à avoir un enfant - le bébé qu'elle portera et fera naître n'étant en fait que... le clone du défunt.

Parcouru de longs silences, Womb est sans aucun doute l'un des films les plus froids parmi ceux que j'ai eu l'occasion de découvrir. Tourné au bord de la mer, il en profite pour offrir de magnifiques tableaux paysagers, grandes étendues sablonneuses et ciels menaçants. L'environnement semble lourd de menaces, tant ce qui s'y passe défie les lois de la nature. Cette atmosphère grisâtre en rebutera plus d'un. D'autres, plus hardis ou tout simplement plus patients, trouveront peut-être matière à réflexion au milieu d'idées assez inconfortables. Excepté Eva Green, je ne connaissais aucun des acteurs embarqués dans cet OVNI de cinéma, même pas ce Matt Smith que les amateurs de séries apprécient comme l'une des incarnations de Doctor Who. L'ensemble m'a intrigué. À vous peut-être de vous faire une idée...

Womb
Film franco-germano-hongrois de Benedek Fliegauf (2010)

Comparé à Never let me go dont je vous ai parlé ici même dimanche dernier, ce long-métrage est moins démonstratif, moins tragique aussi. D'aucuns pourront certes juger des plus malsaines la manière dont il s'empare du thème du clonage - c'est vrai que l'idée d'inceste n'est pas loin. On peut aussi voir Womb comme le récit improbable d'un amour impossible. Présenté ainsi, il n'est pas le moins captivant.

Aucun commentaire: