lundi 16 décembre 2013

La femme qui chante

J'ai choisi un titre un peu énigmatique pour cette nouvelle chronique. C'est volontaire. Vous comprendrez si vous regardez Incendies. Encore vous faudra-t-il donc vous frotter à ce long-métrage québécois, candidat malheureux à l'Oscar du meilleur film en langue étrangère 2011, ainsi qu'au César du meilleur film étranger 2012. Autant vous dire que c'est un sacré coup de poing pour les âmes jugées sensibles ! Je trouve même des plus pertinents les critiques professionnels qui le présentent comme un genre de tragédie antique.

Il me faut vous dire sans plus attendre que le film s'inspire d'une pièce de théâtre du même nom, oeuvre de Wajdi Mouawad, dramaturge canado-libanais. Le texte primitif, lui, puise son propos dans la vie d'une dénommée Souha Bechara - Wikipedia explique tout en détails. Pour en revenir au film, maintenant, j'indique qu'il nous met d'abord en contact avec Jeanne et Simon, deux jeunes Québécois de Montréal qui viennent de perdre leur mère. Au moment de prendre connaissance des dernières volontés de leur parente, ils découvrent avec stupeur qu'elle leur a confié une toute dernière tâche: retrouver leur père et leur frère pour ensuite remettre à chacun une lettre. Problème: Jeanne et Simon, jumeaux, étaient jusqu'alors persuadés que leur père était mort avant leur naissance. Pire, ils ignoraient totalement qu'ils avaient un frère. Incendies s'attache donc aux pas d'adultes sommés de regarder en arrière pour y retrouver une trace effacée. Le chemin les mènera jusqu'au Moyen-Orient. Le scénario reste muet sur la destination précise. L'intrigue demeure universelle.

Au-delà de la marche d'un pays en guerre, c'est bien à une famille qu'on nous propose de nous intéresser. Pour cela, il faut vite prendre garde de ne pas se laisser décrocher: mère et fille, les personnages féminins du film se ressemblent un peu. Dès lors, sauf à être particulièrement attentif, le montage, alternance d'événements passés et de scènes du présent, peut certes dérouter de prime abord. À ceux qui s'adapteront à ce dispositif narratif, Incendies apportera toutefois une bonne dose d'émotion. Il me paraît impossible d'appréhender ces images sans jamais frémir devant ce qu'elles disent du monde d'aujourd'hui. L'intelligence du récit tient à ce que le film parvient à conserver une certaine neutralité, parce qu'il ne fustige aucune appartenance nationale, politique ou religieuse. L'essentiel n'est pas là: je redis que, plutôt que d'idées, il est surtout question des destinées d'hommes et de femmes relativement ordinaires, pris dans la tourmente d'événements sur lesquels ils n'ont aucun contrôle. Vous en tremblerez sûrement encore bien après la révélation finale...

Incendies
Film canadien de Denis Villeneuve (2010)

Jetez un oeil à la programmation du cinéma près de chez vous: il est possible que vous y retrouviez Prisoners, le premier film américain du même Denis Villeneuve. Je découvre ce cinéaste: il vous faudra attendre avant que je puisse vous parler du reste de sa filmographie. D'ici là, n'hésitez pas à consacrer un peu de votre temps à ce film tourné sur la quête des origines. Je n'en vois pas d'autre qui puisse véritablement lui être comparé. Je suis preneur de vos suggestions !

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D'accord, je comprends que vous ayez besoin d'autres avis...

Je vous propose donc de faire un tour sur "L'impossible blog ciné". Autres options: "Le blog de Dasola", "La cinémathèque de Phil Siné" ou encore "Sur la route du cinéma". Il ne vous reste plus qu'à cliquer !

1 commentaire:

dasola a dit…

Bonsoir Martin, c'est vrai que le film a été le candidat malheureux aux Oscars mais je pense que Denis Villeneuve s'est suffisamment fait connaître aux Etats-Unis pour qu'il puisse tourner "Prisoners" et ça, c'est plutôt bien. Bonne soirée et merci encore pour le lien (une fois de plus).