samedi 2 novembre 2013

Derrière le masque

Un peu de cinéma vintage, parfois, ça fait du bien ! En répondant favorablement à l'invitation d'un collègue de travail, j'ai saisi l'opportunité de découvrir Scaramouche, film de capes et d'épées assez apprécié et caractéristique des années 1950 à Hollywood. L'idée est une nouvelle fois de proposer au public une histoire de vengeance conclue par une confrontation finale. Cette fois, les deux duellistes s'appellent Stewart Granger et Mel Ferrer, l'un simple roturier, l'autre courtisan de la reine Marie-Antoinette. Tant pis pour le réalisme...

La Révolution française sert bien de toile de fond à cette production épique, mais elle n'est guère visible à l'écran - si ce n'est à la fin, quand le roi a convoqué les états généraux et que les personnages principaux se retrouvent parlementaires. Scaramouche est bien sûr une ode au petit peuple et notamment à ces personnages et artistes voyageurs, défenseurs inspirés de la commedia dell'arte. Il est également question de rivalité amoureuse, bien évidemment. L'ensemble s'apprécie comme un divertissement honnête, pour peu donc qu'on sache oublier son aspect un peu vieillot. Il faut noter quelques prouesses techniques. Là où un réalisateur d'aujourd'hui opterait sans doute pour les effets spéciaux, les techniciens décorateurs de l'époque ont préféré reconstruire un théâtre entier pour les besoins des dernières scènes. La confrontation ultime constitue un morceau de bravoure: sept minutes de combat à l'épée !

Comme vous pouvez l'imaginer, un soin tout particulier a été apporté à la reconstitution. Encore une fois, je doute que l'on puisse parler ici d'un quelconque réalisme, mais le travail accompli parvient à apporter au film un supplément d'âme qui échappe parfois aux longs-métrages d'aujourd'hui. La musique, elle aussi, grandiloquente et symphonique, contribue à emballer le rythme, à soutenir l'action... et à maintenir l'intérêt du spectateur. Aspect peut-être plus étonnant, Scaramouche s'offre quelques détours par l'humour, son héros se présentant au fond comme un beau parleur, fidèle à ses amis, c'est vrai, mais enjôleur avec les dames. La figure imposée du mariage final contient d'ailleurs à ce titre une petite surprise, le bouquet de l'épousée se montrant particulièrement démonstratif... mais j'en ai déjà trop dit ! J'ajoute que le film aurait pu se terminer en scène de lynchage: le ton adopté le pousse finalement plutôt vers la gentille comédie en costumes.

Scaramouche
Film américain de George Sidney (1952)

À l'inverse du western, il me semble que le film de capes et d'épées n'a jamais vraiment trouvé de seconde jeunesse. C'est dommage. Même s'il se contente souvent d'intrigues simplistes, j'aime ce genre et je crois pouvoir dire qu'il a marqué l'histoire du cinéma. Je peux certes vous recommander La princesse de Montpensier, un film récent du grand Bertrand Tavernier. Mais, du côté des bobines anciennes, Les trois mousquetaires soutient aussi la comparaison avec l'oeuvre évoquée ce samedi. Logique: c'est le même réalisateur !

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Et si vous voulez l'avis d'un autre cinéphile...

Vous en trouverez un chez mes amis de "L'oeil sur l'écran".

3 commentaires:

ideyvonne a dit…

Oui c'est un peu bizarre que ce genre cinématographique ne fonctionne plus aujourd'hui. Il faut dire que les enfant ont des épées lazer, ceci explique cela...
Sinon pour en revenir au film, oui c'est très bien filmé, le rythme ne descend pas et pour ce qui est question des décors et des costumes on en a plein la vue!

ChonchonAelezig a dit…

Américain ? Flûte... je confondais avec Cartouche ! Et bien, en tous cas, tu me donnes furieusement envie de découvrir ce film !
Les films historiques ne passionnent plus guère les foules, hélas. C'est vrai que les jeunes plébiscitent - comme pour les jeux vidéo - l'action, la violence, le gore... Franchement je ne pige pas... Mais je suis d'une autre génération.

see see rider a dit…

Les soirées « capes et épées » dignes de Monsieur Eddy, associent souvent ce film avec le « prisonnier de Zenda » ou M. Granger fait merveille un sabre à la main. Stewart Granger dont le vrai nom était : James Stewart, cela ne s’invente pas….