vendredi 26 juillet 2013

Saudade etc...

C'est un fait: du cinéma du Portugal, je ne connais quasiment rien. Seul le nom de Manoel de Oliveira m'est familier, parce qu'on présente le réalisateur comme le plus vieux cinéaste en activité (104 ans !). Quand je suis allé voir La cage dorée, je savais qu'il y était question du Portugal, mais je n'étais pas entré dans les détails du pitch. Précisons alors que le film s'intéresse à une famille lusitanienne installée de longue date à Paris. Maria est la très appréciée concierge d'un immeuble de standing, tandis que José est maçon dans le BTP.

Tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes si le couple n'héritait pas d'une fortune familiale. Le seul problème vient du fait que les conditions testamentaires sont draconiennes: pour pouvoir toucher le pactole, Maria et José devront rentrer au pays. Et personne n'entend les laisser faire ! La cage dorée tire de cette situation ubuesque son principal carburant comique. Les petits chanceux hésitent eux-mêmes à profiter de ce qui leur tombe dessus inopinément, sans qu'ils aient eu besoin d'accomplir le moindre effort. Gentiment farfelu, le scénario rebondit avec une efficacité décuplée du simple fait d'un nombre de personnages important. Il n'y a évidemment aucun vrai méchant dans cette histoire loufoque, le récit s'autorisant juste à pasticher certaines hypocrisies très communes. Conséquence: on s'amuse de bon coeur de ce petit film bien balancé.

Idée intelligente: une bonne partie des rôles reposent sur les épaules de comédiens portugais, Rita Blanco et Joaquim de Almeida en tête. Quant aux autres, écrits avec une tendre justesse, ils ont été confiés à des comédiens populaires, mais assez rares sur les écrans. J'ai eu notamment plaisir à revoir Chantal Lauby et Roland Giraud, mais aussi à découvrir l'inénarrable Nicole Croisille en rombière engoncée dans son confort bourgeois. Sans que ce soit le sujet du film, La cage dorée évoque discrètement le sort réservé à une communauté étrangère sur le territoire français, le film étant d'ailleurs dédicacé aux parents de son réalisateur. Vous découvrirez par quelle pirouette Maria et José se tirent d'affaire et parviennent à changer de vie. Pardon ? Non, je n'ai rien dévoilé de significatif, soyez rassurés. Maintenant, saudade mise à part, je découvrirais bien le Portugal...

La cage dorée
Film franco-portugais de Ruben Alves (2013)

Quatre étoiles d'encouragement pour un cinéaste qui fait ses débuts avec ce long-métrage sympa. Il semble qu'il ait d'ores et déjà reçu remerciements et éloges de compatriotes installés en France. Notons toutefois que l'artiste réfute l'idée du communautarisme. Sa Maria m'a fait songer aux Espagnoles vues dans Les femmes du 6e étage.

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Ah, une précision, tout de même...
Pour ceux qui ne le sauraient pas, la saudade est le nom que donnent les Portugais (et les Cap-Verdiens) à une certaine mélancolie. J'imagine que vous comprendrez mieux en écoutant Cesaria Evora...

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Je ne connais pas trop le ciné lusitanien, moi non plus et pourtant, je devrais ;-) Par curiosité, j'ai regardé "Les Mystères de Lisbonne"... Faut s'accrocher, je l'ai fait en deux fois (merci les DVD), car ça dure plus de 4h00. J'ai beaucoup aimé, c'est A DECOUVRIR, et je te le conseille vivement ! Je regrette de ne pas avoir eu le temps de voir "La Cage Dorée" !

Sissi