dimanche 31 mars 2013

La fin de l'innocence

Son prochain film est attendu en salles dans deux grosses semaines. Aujourd'hui, je voulais vous parler d'une oeuvre un peu plus ancienne de Gus van Sant: Paranoid Park. On a parfois présenté le réalisateur américain comme le cinéaste de la jeunesse. C'est en effet le cas ici.

Le personnage principal est un adolescent lambda, qui trompe l'ennui de sa scolarité au cours de longues sessions de skate. Alex commet un jour une grosse bêtise - dont je ne dirai rien, désolé. Sa vie reste inchangée, tout du moins en apparence. Lui vit un grand big bang tout en gardant le silence. Rien ne sera jamais plus comme avant.

Paranoid Park adapte un roman de Blake Nelson. Gus van Sant signe ce que j'appelle un film sensoriel. Il dure moins d'une heure et demie. Les dialogues sont presque secondaires. C'est d'abord sur l'aspect photographique que le long-métrage a éveillé mon intérêt. Christopher Doyle, le directeur photo, a eu l'occasion de travailler avec de nombreux artistes asiatiques: il apporte une identité particulière à ce qui serait sans doute demeuré une histoire basique sans sa lumineuse intervention. L'emballage "cadeau" se complète d'une bande originale de très belle facture, mélangeant hymnes urbains et musique classique. Je conçois fort bien que cette forme puisse en rebuter certains. Pour moi, elle s'imbrique parfaitement dans le film et en augmente l'authenticité. Elle lui donne son souffle.

L'âme de Paranoid Park, elle, repose sur le visage assez tourmenté du jeune Gabe Nevins, acteur amateur. D'abord candidat à une place de figurant, le comédien a dit des choses fortes sur sa manière d'appréhender le film après y avoir joué: "J'ai compris que le cinéma pouvait être un art. Je veux réussir et réaliser des documentaires. Gus van Sant a changé ma vie". Le long-métrage prend alors des airs de récit initiatique, de douloureux passage vers le monde des adultes. En laissant ouverte la porte à l'imagination, les scènes finales forment mieux qu'une conclusion: une invitation à écrire la suite de l'histoire. Il n'est que de voir la manière dont Alex se purge de sa culpabilité pour comprendre que, s'il existe un espoir, le chemin vers la lumière est une route de solitude, bordée de difficultés et de renoncements.

Paranoid Park
Film américain de Gus van Sant (2007)

Dans son approche de la jeunesse américaine, le réalisateur fait écho au travail d'une Sofia Coppola, si pertinente dans Virgin suicides. Venu du cinéma américain indépendant, il développe une écriture picturale d'une grande beauté formelle, peut-être aussi parce qu'il a touché à la photo et à la musique. Si vous ne souhaitez pas attendre que je présente ses autres oeuvres, il vous est possible... de revenir en arrière et, dans mes archives, de retrouver le touchant Restless.

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Une option alternative ou complémentaire ?

Elle est ouverte grâce à la complicité de mes petits camarades rédacteurs de blogs. Vous trouverez ainsi d'autres chroniques du film sur les sites suivants: "Le blog de Dasola", "L'oeil sur l'écran" et enfin "Sur la route du cinéma". Je vous recommande fort d'aller y cliquer.

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