vendredi 6 mai 2011

Tragédie à l'indienne

Une chronique de Martin

Je n'en suis pas fier, mais voilà: je me suis endormi (deux fois !) devant Devdas. J'aurais sans doute dû attendre d'être moins fatigué pour regarder cette production bollywoodienne longue de trois heures largement chantées. Il est sûrement quelque peu injuste d'en écrire une chronique, alors même que j'ai le sentiment de ne pas lui avoir laissé toutes ses chances de m'émerveiller. Je n'ai pas résisté longtemps à sa langueur (monotone ?), mais je ne suis pas sûr que, dans d'autres circonstances, elle ne m'aurait pas semblé meilleure. Tout ce que j'ose affirmer, c'est qu'il y a sans doute dans ce cinéma un style caractéristique qui ne plaira pas à tout le monde. Maintenant, j'admets aussi qu'il peut faire l'objet d'admiration.

Devdas, c'est le prénom d'un jeune Indien du début du siècle dernier. Fils de bonne famille, il a suivi des études à Londres et revient enfin au pays, dix ans plus tard, dans l'idée d'y devenir avocat. Ce retour est aussi pour lui l'occasion de revoir Parvati, la jeune fille qui avait tellement pleuré son départ. Il ne faut pas longtemps, juste le temps de quelques oeillades, avant que la carapace du macho cède d'un bloc sous les coups de boutoir de l'amour. Seulement voilà, la demoiselle aimée est d'un autre rang et, dans cette société de castes, ce fait rend impossible toute union. Pour leur malheur, les tourtereaux retrouvés ne peuvent convoler en justes noces. Shakespeare lui aussi aurait pu écrire cette histoire. Peut-être même l'a-t-il fait...

Trois heures, c'est long. Et c'est moi qui le dis, moi qui aime pourtant les grandes fresques hollywoodiennes. Est-ce simplement que tout se joue à une lettre près ? J'ai encore du mal à apprécier Bollywood. Devdas n'étant finalement que mon deuxième essai, j'accepte volontiers l'idée que je suis par trop ignorant de ce cinéma pour m'en enthousiasmer. Ici et là, ce film est régulièrement cité parmi les meilleurs - ou les plus représentatifs - du genre. Il a même été présenté à Cannes, hors-compétition, au cours de l'édition 2002 du Festival. Et pourtant, je n'ai pas accroché et, vous l'avez lu, j'ai même décroché plus souvent que d'habitude. L'idée d'écarter d'emblée tout un pan du cinéma mondial ne me plaît pas beaucoup. Donc, il faudra que je retente ma chance. Peut-être pas aussitôt...

Devdas
Film indien de Sanjay Leela Bhansali (2002)
Certains d'entre vous ont compris qu'il m'était difficile de dire vraiment du mal d'un film. J'aime autant nuancer mon propos, essayant d'expliquer pourquoi telle ou telle oeuvre ne m'a pas séduit. C'est le cas ici et je le déplore, tant j'apprécie de pouvoir découvrir une forme nouvelle à laquelle, encore béotien, je me révèle néanmoins sensible. Ce ne sera pas le cas ici. Pour tout dire, je crois que je préfère les comédies musicales occidentales. Le drame joué ici m'a donné envie de revoir un film de Baz Luhrmann. M'est avis qu'un parallèle pourrait être fait avec son Roméo + Juliette. Maintenant, cette intuition, il faudrait également que je la vérifie...

4 commentaires:

L u X a dit…

"Devdas" c'est en effet un peu le Roméo et Juliette indien, le livre a été adapté un nombre incalculable de fois au cinéma et représente un peu l'amour romanesque ultime !
J'adore ce film rien que pour son esthétisme... et ses chansons du feu de dieu :D

David Tredler a dit…

C'était quoi le premier Bollywood que tu as vu, qui semble-t-il ne t'avais pas non plus convaincu ?

Jean-Pascal Mattei a dit…

Une grande réussite, pas seulement musicale, qu'il vous faudra donc redécouvrir, les yeux grands ouverts, cette fois !
http://lemiroirdesfantomes.blogspot.fr/2014/07/devdas-si-loin-si-proche_13.html?view=magazine

Martin a dit…

@Jean-Pascal:

Je privilégierais plutôt un autre Bollywood. Je dois vous avouer que je n'ai pas très envie de voir "Devdas" une autre fois. D'ici quelques années, peut-être...